La « Pain Cave » était pleine – automne 2017


Lors d’une course d’endurance, il y a un moment où le plaisir disparaît pour se faire graduellement remplacer par la douleur. Ce moment, c’est la « Pain Cave ». Ce n’est pas le mu du 32 km, c’est accepter la douleur de l’épreuve et réussir à donner le meilleur de soi malgré la douleur. Pour aimer courir des marathons ou de plus longues distances, il faut aimer se retrouver dans la « Pain Cave ». Mes entraînements comprennent des visites régulières dans ma « Pain Cave » toutefois, après y avoir séjourner longuement pour 2 marathons de suite, mon corps et mon mental sont saturés de se retrouver à cet endroit. En plus, j’ai les pieds endoloris avec une petite fracture de stress à chaque pied. Marché fait mal alors courir s’est pire. L’automne 2017 a donc été une période de profonde remise en question.

En novembre 2017, je n’ai plus le goût de courir. La passion est partie, finie, plus rien, les bougies d’allumage n’allument plus. Il y a eu des matins où je me levais en me disant que j’allais courir peu importe ce que je vivais. Je croyais que la motivation était pour revenir après quelques pas. Je me préparais et j’allais dehors pour mon aller courir et rien. Pas d’étincelles, pas de magie. Pas de course.

Courir fait partie de mon ADN. Il y a plusieurs années, j’ai travaillé avec une nutritionniste et une coach pour m’aider à redéfinir mon corps. Je trouvais que j’avais les épaules trop larges. Mon haut du corps étant trop développé, j’avais des blessures au bas du dos à répétition. Par un régime strict et des exercices précis, j’ai réussi à diminuer la masse musculaire de mes épaules. Je trouve ça hallucinant de voir ce qu’il est possible de faire avec de la volonté. Toutefois, cette volonté que j’ai, eh bien, elle a disparu.

Cherchant à relancer la machine de course, je me gave de vidéos de motivations. Plus je les écoute et plus je me dis que je connais tout ça. Il y a des fois, ça sent la psychologie de marché aux puces. C’est vraiment inutile, je perds mon temps avec ces vidéos. J’ai quand même fait une superbe découverte : David Goggins. Je ne me souviens plus précisément du vidéo, mais celui-ci parle de la même chose. C’est vraiment puissant. Je vais revenir dans un autre billet.

Au lieu de cherche ailleurs, je décide donc d’aller explorer ma « Pain Cave ». Après quelques bonnes séances de réflexion sur mon état d’âme, je finis par mettre le doigt sur ce qui ne va pas : la « Pain Cave » est pleine. Il n’y a plus de place. Je l’ai rempli dernièrement est c’est plein à craquer. Je comprends ce que Goggins dit dans ces vidéos, mais je ne suis plus capable de vivre la douleur. Écœuré, tanné, battu, non c’est fini.

J’ai réalisé que ça ne me tentait plus de souffrir. Ça ne me tentait plus de sentir des raideurs musculaires après les entraînements difficiles. Ça ne me tentait plus de me taper des intervalles à 180 bpm. Ça ne me tentait plus … point final. Moi je suis « All IN ». C’est tout ou rien. Je me défonce ou je fais de la graisse. Les demis-mesures ne me donnent rien. Tranquillement, j’étais en train de me faire à l’idée que ma carrière de coureur venait de prendre fin. L’heure de la retraite avait peut-être sonnée ?

En septembre 2017, je m’étais inscrit pour le marathon d’Ottawa qui avait lieu en mai 2018. En janvier 2018, je n’avais pas couru. J’avais fait quelques tentatives infructueuses. J’avais un sérieux blocage. À ce moment-là, je me préparais pour aller courir. Je sortais dehors. Je marchais quelques pas pour faire demi-tour.

Au début du mois de février 2018, j’accepte la fait que je ne pourrai pas me préparer pour le marathon d’Ottawa qui se tient au mois de mai. Je n’ai pas couru depuis le mois d’octobre dernier. Je ne suis pas prêt du tout autant mentalement que physiquement.

Vers la mi-février 2018, un matin qui fait -20 degrés Celcius à l’extérieur avec de la neige et du vent. Moi qu est bien au chaud dans mon lit, voilà que j’entends l’appel de mes souliers. C’est un cri particulier vous savez. C’est comme comme les Sirènes d’Ulysse. Lorsque le coureur l’entend, il est envoûté, pris au piège. Je n’ai pas le choix, je me réveil vers 5 heures du matin. La flamme qui avait disparu est de nouveau de retour. Je sens mon sang bouillir en moi. J’aime cette sensation et je suis des plus heureux de la retrouver. Je me prépare et je sors à l’extérieur. Malgré le froid, mes jambes s’élancent et me voilà parti pour une petite randonnée dans le plaisir. J’ai fini par oublié mes mauvaises épreuves et, la « Pain Cave », elle s’est vidée finalement. Je me tape une petite ballade dans la neige et au retour, je ne peux me retenir et des larmes de joie coulent sur mes joues. Ce sont des larmes d’un bonheur retrouvé. Le coureur en moi est toujours vivant.

Ma petite course étant faite, je révise avec empressement mes plans pour me préparer à courir le marathon d’Ottawa. J’ai environ 13 semaines pour me remettre en forme et courir un marathon dans le plaisir.

J’opte pour 3 phases de 4 semaines suivi d’une semaine d’affûtage. La première phase consistait à préparer mes jambes, sans fractionnés, simplement d’augmenter le nombre de kilomètres par semaine.

La seconde phase, c’est du travail de VMA. Depuis 2011, je fais 4 entraînements par semaine soit un de fractionné court, un fractionné long, un fartlek de moins de 10 km le samedi et un entraînement structuré de 25 km le dimanche.

La troisième phase a été de faire la même chose que la phase 2, mais de remplacer le fartlek par une plus longue sortie, soit de 18 km, pour créer une fatigue musculaire et faire ma longue sortie du dimanche avec les jambes fatiguées. Ceci donne l’effet de fin de course d’un marathon pendant mon entraînement. Je n’ai donc pas besoin de courir un 32 km comme dans la plus part des entraînements et j’ai les mêmes bénéfices.

Deux semaines, avant le marathon, c’est l’affûtage. C’est-à-dire que je me repose et je refais mes énergies en diminuant l’intensité des entraînements ainsi que les distances.

En théorie, ce plan devrait me permettre de vivre un marathon sans trop séjourner dans la « Pain Cave ». On verra dans le prochain post si la pratique a suivi la théorie.

3 commentaires sur “La « Pain Cave » était pleine – automne 2017

  1. Je ne savais pas que tu avais traversé cette phase à la fin de l’année 2017. Tu avais besoin d’un bon break. La course doit rester un plaisir. Boston, c’est bien beau mais pas au détriment du plaisir.

Les commentaires sont fermés.

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