Le 20 avril 2015, le jour où j’ai couru le marathon de Boston


Le 20 avril 2015, après 4 années d’attente et de tentatives infructueuses pour me qualifier, j’ai enfin couru le marathon de Boston après une qualification réussis en mai 2014. Un marathon mythique rempli d’émotions et de belles sensations. Malgré la pluie, le froid et le vent, rien ne pouvait gâcher ce moment.

Un retour en arrière

J’ai lancé ce blogue en octobre 2010 en annonçant que je tentais de me qualifier pour le mythique marathon de Boston lors du marathon d’Ottawa en mai 2011. La chaleur ne m’a pas aidé et j’ai raté mon coup. Puis en 2012, les procédures d’inscriptions ont été modifiées. Mon standard dans le groupe d’âge des 40-44 ans passe de 3h20’59 à 3h15. C’est trop rapide pour moi ce temps de 3h15, je n’y arrive tout simplement pas. J’attends alors mon anniversaire avec impatience car je vais changer de groupe d’âge. En 2014, je me retrouve dans le groupe d’âge des 45-49 ans et le standard est de 3h25. Lors de mon marathon visant l’obtention de mon standard en mai 2014, je réalise un temps de 3h18’59. J’ai réussi ma mission et je serai à Boston en 2015.

La préparation

L’hiver 2015 cumule les records de froid. Une vague de froid s’installe au-dessus de nos têtes et j’enfile les entraînements dans des conditions sibériennes. Après plusieurs semaines de ce régime, mon corps se rebelle et j’attrape une bronchite-sinusite-otite. Je n’ai pas le choix, je dois faire une pause de 3 semaines en pleine préparation. Cette pause m’a rendu vulnérable face à un parcours aussi difficile que le marathon de Boston.

L’avant course

Nous, mon frère et moi, arrivons en auto le dimanche à Boston. Il y a du monde, c’est incroyable. Je m’attendais à voir du monde, mais c’est bien plus imposant que ce que j’avais anticipé. J’ai des délais dans ma planification, je ne réussis pas à visiter ce que je veux.

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Je suis toujours pris dans un tourbillon de monde qui se déplace. Juste pour trouver un stationnement qui est disponible, nous devons prendre une bonne heure. Je réussis à trouver un stationnement public qui est libre. Nous nous déplaçons dans cette marée de monde pour aller chercher mon dossard.

Voilà c’est fait.

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Je veux me faire prendre en photo avant la course à la ligne d’arrivée, mais il y a une file d’attente. Je passe, je me dis que je vais revenir.

Marathon de boston

Je croise des connaissances et nous discutons de la météo car ce qui nous attend sera un défi de plus à gérer. Je ne réussis pas à faire tout ce que je souhaitais faire et l’après-midi à passer. Pas le temps de retourner à la ligne d’arrivée. C’est l’heure du dernier repas avant la course alors nous filons vers l’hôtel.

Pour mon dernier repas d’avant la course, je veux manger un saumon avec une salade d’épinard. Google m’aide et je trouve un restaurant à proximité qui offre ce repas. La bouffe est excellente. Exactement comme espéré. Nous avons un super service aussi. L’ambiance en banlieue de Boston est également extraordinaire, mais beaucoup plus calme qu’à Boston. Maintenant que le corps est rassasié, il ne reste plus qu’à choisir les bons vêtements qui m’accompagneront dans le froid, le vent et la pluie.

Ma course

J’avais réservé un hôtel à Woburg MA, 45 minutes en auto de Hopkinton, la ligne de départ. Le matin du marathon, je surveille la météo qui annonce un gros 0 degré Celsius, des vents des 32 km/h et une faible pluie. Ils se sont royalement trompés car nous avons plusieurs millimètres de pluie qui nous pissera sur la tête pendant presque tout le parcours.

Pour la course, j’ai 2 gilets, mes shorts, une tuque et des gants. J’ai fait honneur au marathon d’Ottawa Banque Scotia en portant le gilet et la tuque de l’équipe formidable. Un honneur mérité pour eux car c’est ce marathon qui m’a permis de réaliser mon standard pour Boston en 2014.

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Nous quittons l’hôtel vers 8h30. Le départ est à 10h25 pour moi. Je débarque au service de navette de l’organisation 50 minutes plus tard. Un premier contrôle de sécurité. La navette me transporte en direction du village des athlètes et on nous dépose presque à 2 km du village. Marche de 10 minutes et un autre point de contrôle. Le départ est dans plus d’un km. Une autre marche de 10 minutes et un autre point de contrôle pour la sécurité. La sécurité est omniprésente. En me rendant vers la ligne de départ, j’entends les organisateurs crier que le départ est dans 5 minutes. J’accélère le pas, départ dans 3 minutes. Je me dépêche. Départ dans 1 minute. Autre point de contrôle. C’est bon je peux m’insérer dans le corral. Il me reste 30 secondes avant le départ. C’était juste car il est 10h24’30 secondes.

Ce dernier 30 secondes a été long. Je suis là dans une marée de coureurs et je m’apprête à prendre le départ du Marathon de Boston. Je suis submergé par les émotions. J’ai les yeux pleins d’eau et BANG ! le départ est donné. Je dois me ressaisir et reprendre un semblant de lucidité, mais c’est raté. Comme des moutons dans un pré, nous sommes en troupeau vers la ligne de départ. Avec mon arrivée tardive, je me suis retrouvé à la toute fin de cette vague. Toutefois, après seulement 1 minute 30 secondes, je franchis la ligne de départ. Je suis en train de courir le marathon de Boston. Je capote ben raide. Les frissons partout sur le corps. Les yeux pleins d’eau, me voilà chevauchant le parcours vers Boston.

Je suis comme sur un nuage. Je n’arrive pas à me concentrer. Je suis complètement dans les vaps. Je suis vraiment là, en train de courir le marathon de Boston. J’en ai rêvé de ce moment et me voilà en train de savourer chaque seconde et complètement envahi par les émotions. Je dois me ressaisir, je ne peux pas courir 42,2 km dans cet état d’âmes. Heureusement, tout autour de moi, ce sont des coureurs expérimentés. Nous courons en harmonie. Je trouve que ces coureurs courts comme moi. C’est comme un moment magique de voir tout ce monde synchronisé dans l’effort. Finalement, je reprends le dessus sur mes émotions et je débute à gérer ma course.

Chemin faisant, me voilà rendu au 10 ième km. C’est à ce moment que ma cuisse droite se fait menaçante. Les descentes dans les côtes sont une véritable torture pour ma cuisse droite. Au 16 ième km, j’ai des raideurs dans cette cuisse droite. Je tente simplement de gérer mon allure. Puis vers le 23 ième km, je n’en peux plus. Je dois faire un arrêt pour étirer mes quads. Ils sont en feu. J’abandonne à l’instant même l’idée de faire un chrono et je me concentre à terminer ma course. Je profite du moment. Mais non je n’aurais pas abandonné 🙂

Tout au long du parcours, il y a des gens qui sont venus m’encourager. L’ambiance est tout simplement incroyable. Il y a des gens qui se font du BBQ, d’autres qui donnent des fruits, de l’eau ou de la bière. Je fais des « high-five » à profusion avec les spectateurs et remercient les bénévoles et les gens de la sécurité. Malgré la douleur à la cuisse droite, j’éprouve beaucoup de plaisir.

La question que plusieurs fin connaisseurs de ce marathon me posent c’est  » As-tu embrassé les collégiennes ? « . Mais non, je ne l’ai pas fait car j’étais du mauvais côté de la route. Je vais le savoir pour la prochaine fois.

J’ai la cuisse droite dans un fâcheux état et je n’ai même pas encore attaqué Heartbreak Hill. Après quelques côtes, un spectateur me mentionne que je suis rendu à moitié de cette fameuse côte. Ce n’est pas si pire que ça finalement cette côte.

Il reste moins de 10 km. Je suis sur le pilote automatique et je n’avance pas très vite. De plus, je dois faire plusieurs pauses pour étirer mes quads de la cuisse droite. Avec la pluie et le vent, je ne sens plus mes mains. Elles sont complètement gelées. J’approche finalement du fil d’arrivée et un spectateur me mentionne qu’il ne reste qu’un mile. Les émotions refont surface. Je suis sur le point de passer la ligne d’arrivée de ce marathon que j’ai tant souhaité courir. Me voilà de nouveau avec les yeux pleins d’eau. J’ai tellement d’émotions que j’ai la gorge nouée et je peine à respirer. Je dois me concentrer à bien respirer car je vais m’évanouir.

Je franchi finalement la ligne d’arrivée en 3h37. Enfin ! Mission accomplie, je viens de courir le marathon de Boston.

Je suis dans un sale état toutefois. Je souffre d’hypothermie et je marche à peine. Un bénévole me donne une bouteille d’eau. Par contre, je ne suis pas capable de la retenir et elle tombe. Incapable de me pencher, le bénévole m’en donne une autre. Mes mains sont trop gelées pour l’ouvrir et je dois demander l’aide à un autre bénévole.

Je reçois ma médaille, moment magique, puis la couverture en plastique, fait tellement de bien. Je suis complètement gelé. L’organisation étant extrêmement bien rodée, en moins de 90 secondes, je suis sortie de l’arrivée et dans les rues de Boston. Je rejoints mon frère à l’aire de rencontres des membres de la famille. Nous avons une belle accolade et après ses félicitations, je lui souligne que je veux un café pour me réchauffer.

Nous entrons dans un café à proximité et il y a pleins de coureurs qui grelottent. Il y fait trop froid et on sort rapidement pour aller dans un autre café, un Dunkin Donut, la classe je vous le dit ! Je prends un café chaud, je mets des vêtements secs apporté par mon frère et je m’en vais m’asseoir sur une chaise, un luxe lors de ces occasions. Mon frère me dit qu’il va aller s’informer pour un taxi. Je suis sur cette chaise et comme mes mains sont gelées, je n’arrive pas à enlever le couvercle du café. Au retour de mon frère, je lui demande d’enlever le couvercle et nous trouvons cet instant bien cocasse. Lors du Winterman il a fait froid, mais je n’étais pas gelé comme ça. Après une attente, je réussi à boire mon café. La chaleur du café et du Dunkin me sort de mon hypothermie. Nous pouvons de nouveau affronter la pluie et le vent pour retourner à l’hôtel.

Après mon marathon, en marchant dans les rues, je reçois maintes félicitations des passants. Une femme me demande si j’ai gagné. « Oh non je n’ai pas gagné » que je lui réponds. Elle me demande si j’ai complété le marathon. « Ah ça oui, voilà ma médaille » que je lui dis. Elle s’empresse de me dire : « voilà, tu as gagné, tout le monde gagne à Boston ». C’est mignon !

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J’ai effectivement gagné mon premier Boston. Malgré les conditions difficiles et la douleur, j’ai vécu une expérience incroyable comme coureur. Des moments intenses qui resteront gravés dans ma mémoire. Lorsque je connaîtrai une baisse de régime, j’irai puiser dans ces souvenirs afin de m’aider à continuer à avancer.

Et une dernière photo avec un fidèle supporteur :

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Merci à vous toutes et tous pour vos encouragement, vos courriels, vos textos, vos messages sur les médias sociaux. Merci d’avoir vécu ce moment avec moi. C’était assez intense !

Comme j’ai trop de chose à dire, je vais continuer lors de mon prochain billet et parler de mes impressions, de mes remerciements, des leçons apprises et de ma prochaine fois.

17 commentaires sur “Le 20 avril 2015, le jour où j’ai couru le marathon de Boston

  1. Que d’émotions dans ce billet ! Ton premier Boston restera à jamais gravé dans ta mémoire. Je te souhaite encore de nombreuses participations à ce magnifique marathon. En espérant pouvoir te féliciter en personne à Ottawa dans un mois. Tu sais que tu es un membre honoraire du zoo ☺️

  2. Ce lundi-là, je courais sur l’Ile des Soeurs, moi aussi les mains gelées dans la pluie et le vent froids, et j’avais tout plein de pensées solidaires pour mes amis à Boston… dont toi bien sûr, Luc! Bravo, toute une expérience et des émotions bien senties. Et tu y retourneras, c’est sûr!

  3. Extraordinaire Luc ! Je veux toujours comme toi vivre ces moments et comme toi le changement de catégorie d’age pourrait me permettre d’y arriver : la fenêtre <3h55 s'ouvre pour moi à l"automne 2015 et avec un 3h52 fait l'an dernier cela paraît jouable… A suivre. En tout cas merci de nous avoir tenu en haleine pendant cette longue quête.

  4. Quel beau récit émouvant ! Bravo à toi ! Dans ces conditions, entre la météo et ta cuisse, ça reste un excellent chrono 🙂 Je ne savais pas qu’il faisait si froid. Il faut dire qu’humidité et froid ne font pas bon ménage : tant qu’à faire, autant avoir de la neige, ça mouille moins.
    Bon, maintenant, va falloir remettre ça pour faire un vrai bon chrono à Boston ! Pis avec le titre de ton blogue, t’es de toutes façons obligé d’y retourner 😉

  5. Bravo pour cet émouvant récit et pour ta performance :), moi non plus je ne savais pas qu’il pouvait faire si froid à Boston 😉 !

  6. Bravo Luc. Ta détermination impressionne. Tu es mon héros.

  7. Vu les conditions tu t’en es plutot bien sorti!! Encore bravo mon Luc.

  8. Tout un récit ton expérience à Boston mon Luc tu vas t’en souvenir le restant de tes jours j’en suis persuadé moi je l’ai fait à 9 reprises mais c’est ma 1ière participation qui m’a le plus impressionné et c’est tout à fait normal je m’en souviens très bien nous étions environ 3500 participants et je l’avais fait en un temps de 3.16 hres faut dire qu’`à l’époque en 1983 c’était plus difficile de se qualifier exemple 40 à 45 ans cela prenait un temps de 3.10 hres. Donc Chapeau à toi mon Luc et encore et encore plusieurs participations à ce Prestigieux Marathon.

  9. Superbe !! Superbe CR, réaliste et émouvant. Malgré ton émotion, tu as réussi à rester lucide !! Tu l’as gagné ton marathon de Boston !!

  10. Elle est belle cette médaille et tellement méritée vu les conditions d’entrainement qu’on a eu (toi plus que moi) cette année.

    Ça fait plaisir a lire ton CR. J’espère pouvoir courir Boston un jour… et peut-etre qu’on courra le « Big Sur to Boston » ensemble : on a déjà fait la moitie tous les deux !

  11. Toutes mes félicitations! C’est aussi mon objectif et marathon rêvé (avec celui d’Athènes); mon épouse y ayant vécu des années et moi y ayant passé de nombreuses semaines. La qualification semble difficile, mais à te lire la course mérite bien tous les efforts! Bravo et merci pour le paratage!

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